Au Québec, le tiers des postes vacants seraient pourvus si les Québécois âgés de 60-69 ans étaient aussi actifs sur le marché du travail que les Ontariens de la même tranche d’âge.[1] Statistique Canada confirme qu’au Québec, si le pourcentage de cette population qui travaille (36 % en 2023) rejoignait le 43 % de notre province voisine, de 77 000 à 90 000 des 277 000 postes qui sont présentement à pouvoir seraient comblés.[2]
Pour les entreprises, les travailleurs expérimentés représentent une mine d’or ; ils sont formés, loyaux, souvent flexibles et disponibles pour travailler en grand nombre. Le défi : comment les attirer et les recruter.
Rappelons que seulement 28 % des personnes retraitées qui retournent sur le marché du travail le font pour des raisons financières. Si ce n’est pas l’argent, que recherchent-ils alors ? Des sondages, portant sur cette question précise, indiquent que les travailleurs expérimentés souhaitent :
• Participer à des projets limités dans le temps ;
• Partager leur connaissance et redonner à la société ;
• Socialiser et briser la routine ;
• Travailler à temps partiel ou selon des horaires flexibles.
[1] https://www.ledevoir.com/societe/784842/qui-s-instruit-s-enrichit-un-adage-toujours-actuel
[2]https://www150.statcan.gc.ca/t1/tbl1/fr/tv.action?pid=1410032701&pickMembers%5B0%5D=1.6&pickMembers%5B1%5D=2.9&cubeTimeFrame.startYear=2017&cubeTimeFrame.endYear=2021&referencePeriods=20170101%2C20210101
Toute histoire d’embauche commence avec un affichage de poste alléchant. Comprendre ce que recherche cette population est essentiel pour rédiger des offres d’emploi qui les interpellent :
Il importe de publier l’information sur des plateformes où ils sont présents. Voici des idées : groupes Facebook regroupant des gens ayant la même expertise ou résidant dans la même région, des groupes de bénévoles. On peut aussi afficher dans des lieux où ils pratiquent des sports ou encore dans les universités du troisième âge. Les ordres professionnels ont souvent une section réservée à leurs retraités. Notez qu’il sera plus facile de rester en contact avec les retraités de l’organisation, si on prépare le terrain avec nos propres employés avant leur départ à la retraite.
L’absentéisme pour des raisons de santé mentale est en hausse depuis les 5 dernières années. (3) Fruit du hasard ou réalité générationnelle, la génération Z témoigne simultanément être sensibilisée et préoccupée pour leur santé mentale et en parlent ouvertement. À cet effet, près de 50% d’entre eux disent être stressé ou anxieux au travail la plupart du temps. (4)
Le Conférence Board du Canada explique qu’un employé sur quatre (25% des employés) dit faire face à des préjugés en lien avec la santé mentale dans son entreprise. (5) Un chiffre qui est appelé à diminuer au cours des prochaines années.
Le directeur des opérations et des ressources humaines d’Ultima Fenestration, une entreprise beauceronne, soulignait fièrement, dans le Journal de Montréal,[1] le fait que tous leurs postes sont pourvus. David Poulin attribue ce succès en partie aux travailleurs âgés de 60 à 69 ans dans son équipe. Voici comment il s’y prend pour rendre l’entreprise attrayante pour ces eux :
M. Poulin explique aussi qu’il faut aussi s’intéresser et s’adapter aux besoins individuels de ces employés. Derrière les grandes généralisations, chacune de ces personnes à son histoire. Être inclusif implique de s’y attarder.
Les témoignages de candidats et d’employés victimes d’âgisme sont communs. Personne ne souhaite accuser les Québécois de 60 à 69 ans, qui ont déjà amplement contribué à la société, de ne pas être suffisamment actifs sur le marché du travail. Il est toutefois légitime de se demander si nous — collègues, patrons, entrepreneurs — en faisons assez pour leur offrir une proposition d’emploi attrayante.
[1] https://www.journaldemontreal.com/2022/08/24/le-patronat-en-mode-seduction-aupres-des-60-a-69-ans
[Auteur(e)] Annie Boilard
Annie Boilard, BAA, MBA, M. Sc., CRHA, est présidente du Réseau Annie RH. Elle œuvre en formation (développement des compétences) depuis bientôt 20 ans. En plus d’être une professionnelle en ressources humaines et une animatrice séniore, elle est une entrepreneure et une gestionnaire d’entreprise (et d’équipe) expérimentée. Au quotidien, Annie travaille à titre de formatrice et de coach auprès de leaders et de professionnels afin de développer leurs compétences comportementales et leurs habiletés à travailler ensemble. Elle est également chroniqueuse sur 4 stations de radio hebdomadairement, conférencière, blogueuse, notamment pour Les Affaires et auteure. Elle est souvent interpellée à titre d’experte sur la vie au travail, le monde du travail, le leadership et la gestion des ressources humaines. |
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