RÉSILIENCE | Guide pour aider les employés à naviguer les difficultées et faciliter l’adaptation au changement

Les changements se multiplient et s’accélèrent. La résilience est une compétence clé pour s’adapter sainement aux nouvelles réalités. Voici un guide pour aider les employés à muscler leur résilience au quotidien.

Avec l’arrivée de l’intelligence émotionnelle, il est anticipé que les changements soient de plus en plus nombreux, rapides et d’envergure. Pour que ces changements atteignent leurs objectifs (et soient un succès), encore faut-il que les employés s’adaptent et adoptent les nouvelles façons de faire.

Qu’est-ce que la résilience ?

Selon l’American Psychological Association, la résilience est le processus et le résultat d’une adaptation réussie à des expériences de vie difficiles. Cette adaptation s’obtient grâce à la flexibilité mentale, émotionnelle et comportementale (1). La résilience n’est pas la capacité d’endurer les difficultés, mais bien celle de les traverser, de s’adapter ou de rebondir.

Les personnes résilientes traversent des épreuves comme tout le monde. Elles naviguent simplement à travers sans se causer de dommages à elles-mêmes et aux autres. Elles ne diminuent pas le négatif, elles trouvent une façon de se mettre à l’écoute du positif.

Qui fait quoi pour faciliter l'adaptation au changement

Faciliter l’adaptation aux changements est une responsabilité qui incombe à plusieurs parties

L’entreprise : identifier des changements porteurs de succès pour l’organisation ; communiquer efficacement les « quoi » et les « pourquoi ».
Le comité de projet, les expertes en gestion du changement et/ou en ressources humaines : préparer le changement, identifier des porte-paroles, déployer une stratégie d’influence positive.
Les gestionnaires : communiquer et supporter les employés, faire preuve de flexibilité dans l’action, réitérer les objectifs et la direction, veiller à la santé mentale de chacun et célébrer les avancées.
Le fournisseur : offrir une solution de qualité, répondre aux questions du quotidien, assurer le volet technique de la solution.

Les employés portent aussi une partie de la responsabilité. Il leur revient d’adopter une posture flexible, d’alimenter des pensées positives et de naviguer dans leurs émotions en lien avec le changement. En d’autres mots : développer leur résilience.

La résilience peut être comparée à la souplesse de l’esprit. Plus l’employé est positif, adopte une posture d’ouverture et prend soin de ses propres besoins, plus il lui est facile de s’adapter face à un changement. Cela s’explique par une capacité accrue d’entendre et de comprendre les messages corporatifs, de modifier ses comportements et d’adhérer à une nouvelle réalité.

L’inverse est également vrai : en présence de rigidité et de fermeture, il est difficile pour l’employé et son environnement (incluant ses collègues et son gestionnaire) de porter un regard positif sur une situation.

La résilience : une compétence qui se développe ?

Oui, il est possible de développer sa résilience, et les entreprises peuvent accompagner les employés dans ce processus. Pour muscler sa résilience, une personne doit développer trois sous-compétences suivantes :

Accepter les difficultés
Faire évoluer ses perceptions des situations négatives
Décoder ses émotions et adapter ses comportements

Parler de résilience au travail nourrit des conversations axées sur l’introspection et la connaissance de soi, les croyances personnelles, les craintes et le sens des situations difficiles. Ces discussions passent nécessairement par des échanges et des réflexions sur les émotions en jeu et leurs incidences sur les pensées et les actions posées.

Pour certaines entreprises, ce sont des chemins bien connus et confortables. Pour d’autres, des sujets vierges. Souvent, les gestionnaires ont été initiés à ces enjeux. Pour plusieurs entreprises, la prochaine étape consiste à partager des concepts avec tous les employés.

En d’autres termes, il est possible de développer sa résilience et d’accompagner une équipe en ce sens, mais il faut être prêts à y mettre des efforts et à sortir des sentiers connus (et confortables).

1ère étape pour développer sa résilience : accepter les difficultés

Les personnes résilientes acceptent que la souffrance fasse partie de la vie et que l’adversité ne fait pas de discrimination. Elles ne se sentent pas visées lorsque les événements ne tournent pas en leur faveur. Elles ne nourrissent pas l’idée qu’elles sont victimes d’injustices cosmiques ; elles partent du principe que tout le monde fait face à des défis à certains moments.

Pour faciliter cette acceptation, les personnes résilientes s’attachent à maintenir des pensées et un esprit flexible. Voici des trucs et astuces qui peuvent aider :

Prendre des pauses de détachement
Pratiquer la pleine conscience
Cultiver la compassion
Développer son agilité mentale
Reconnaître et accepter ses émotions

2ème étape pour développer sa résilience : faire évoluer ses perceptions des situations négatives

Le cerveau humain excelle à identifier les risques et les enjeux ; à détecter et anticiper les défis. Développer sa résilience implique d’enrichir ce réflexe de prudence avec l’habileté d’identifier également le positif d’une situation.

La pratique quotidienne de la gratitude est une approche maîtresse à ce sujet. Il s’agit d’identifier chaque jour au moins trois moments porteurs de plaisir ou de reconnaissance.

Les routines de gratitude sont reconnues pour leurs effets sur plusieurs facettes de la vie : qualité du sommeil(2), expansion du cercle social(3), bonne humeur, bonheur et prévention de la dépression(4).

Voici une autre piste pour faire évoluer ses perceptions des enjeux difficiles : gérer ses dialogues internes, ses pensées récurrentes. Il s’agit ici de substituer des pensées négatives par des positives.

3ème étape pour développer sa résilience : reconnaître et naviguer ses émotions

Les recherches, la littérature et les guides proposés pour enrichir son intelligence émotionnelle (également appelée intelligence sociale) sont des outils extrêmement utiles. Ils offrent une marche à suivre pour connecter et naviguer à travers une charge émotive.

Des formations sur le sujet sont disponibles tant pour les gestionnaires que pour les employés. Voici un exemple de formation sur l’intelligence émotionnelle et la gestion du stress.

L’intelligence émotionnelle consiste à développer sa capacité à reconnaître et nommer ses émotions et à « gérer » sa charge émotive. C’est également la capacité de décoder la réalité émotive de l’autre et de l’aider à naviguer dans ses émotions ; en d’autres termes, être en relation avec quelqu’un.

Guide en six étapes pour développer sa résilience

Voici six actions concrètes qui permettent aux employés, gestionnaires ou dirigeants de développer leur résilience :

Construire des relations positives : Les personnes qui rebondissent dans un contexte de changement ont tendance à avoir un réseau de soutien.
Recadrer les blessures du passé : Utiliser son pouvoir sur ses pensées pour présenter une situation difficile antérieure d’une manière différente, créant ainsi de l’ouverture face aux situations actuelles similaires.
Accepter l’échec : Si quelqu’un ne se donne pas, à l’occasion, le droit d’échouer et que cette personne n’accepte pas l’échec comme faisant partie de la vie, elle aura du mal à rebondir. Sortir avec succès de l’échec développe la capacité d’être optimiste.
Alimenter plusieurs facettes de sa vie : Les personnes résilientes ont plusieurs aspects de leur vie à partir desquels elles tirent leur estime d’elles-mêmes.
Pratiquer le pardon et le lâcher-prise : Rien ne sert de ruminer le passé. Tout le monde gagne à être reconnaissant du présent.
Avoir un but : Les personnes résilientes ont un but qui les aide à analyser leur situation et à planifier leurs prochains mouvements.

Parler de résilience au travail est encore nouveau pour plusieurs entreprises. À ce jour, la vitesse des changements a permis de suivre la capacité d’intégration des équipes. Il est anticipé qu’avec l’arrivée de l’intelligence artificielle (IA), il ne sera plus possible pour les entreprises de limiter le déploiement des changements au rythme actuel, soit à une cadence relativement digeste pour les employés. Toutes les parties, et tout particulièrement les employés, devront s’outiller pour faciliter et accélérer leur adaptation aux transformations organisationnelles.

[Auteur(e)] Annie Boilard

Annie Boilard, BAA, MBA, M. Sc., CRHA, est présidente du Réseau Annie RH.

Elle œuvre en formation (développement des compétences) depuis bientôt 20 ans. En plus d’être une professionnelle en ressources humaines et une animatrice séniore, elle est une entrepreneure et une gestionnaire d’entreprise (et d’équipe) expérimentée.

Au quotidien, Annie travaille à titre de formatrice et de coach auprès de leaders et de professionnels afin de développer leurs compétences comportementales et leurs habiletés à travailler ensemble.

Elle est également chroniqueuse sur 4 stations de radio hebdomadairement, conférencière, blogueuse, notamment pour Les Affaires et auteure. Elle est souvent interpellée à titre d’experte sur la vie au travail, le monde du travail, le leadership et la gestion des ressources humaines.

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